Sara Imloul, née en France en 1986, entame en 2008 sa première série en découvrant la calotypie (procédé photographique datant du XIXe).
Avec Passages, (2015-2018, série primée), Das Schloss (2014), Négatifs (2012) et Le Cirque Noir (2008-2011), elle parcourt les obscurités d’une mélancolie inscrite dans les objets et les lieux. Ce n’est pas un simple recensement, c’est l’obstinée recherche de l’écho de ses bruissements intérieurs, de sa part d’ombre qui jamais n’en produira. Cette archéologie n’est pas qu’intime, elle met en résonance les formes plastiques des avant-gardes modernes avec cette technique des prémices de l’invention de la photographie qu’est le calotype.
Pour Sara Imloul la photographie n’est pas un acte : c’est une superposition de temps, celui de l’écriture et du dessin dans ses carnets, de la recherche des objets, des modèles, de la mise en scène, de la prise de vue, des retouches sur le négatif papier, le tout pour trouver sa propre durée. Chaque photographie est un reliquaire, un autel de son culte animiste, elle jalonne son parcours intérieur de cadres sombres, où la magie opère. Ce sont de petits phares pour ne pas disparaître au monde.
Jacques Damez
Car le beau n’est rien que la porte de l’angoisse, ce seuil dont nous approchons tout juste, et, nous l’admirons tant parce que, dans sa grandeur, peu lui chaut de nous détruire. Tout ange est angoisse.
Rainer maria Rilke, Elegies de Duino.